Me voilà dans le train sur le retour du salon du livre. Comme promis, je vous fais un petit retour sur cette épopée culturelle tout à fait
passionnante.
Cette année, ce sont 180 000 visiteurs qui ont franchi les portes du salon. D’après les chiffres communiqués les années précédentes, nous pouvons
constater encore un léger recul (204 000 visiteurs en 2009 et 190 000 en 2010). Pourtant, si je me fie à l’Express, je cite :
« Pour son édition 2011, le Salon du Livre de Paris a réuni plus de 180 000 visiteurs, c'est à dire légèrement plus que les années précédentes. A la
fois "populaire et professionnel", comme le déclare, ravi, Antoine Gallimard, président du SNE, le Salon du livre séduit chaque année, petits et grands, amateurs et professionnels. »
Informations démenties par France
Soir qui remet les points sur les « i ».
A qui devons-nous faire confiance ? (Même combat qu’entre la police et les syndicats ? )
Nous aurons pu y rencontrer les auteurs nordiques bien évidemment, mais aussi les incontournables Amélie Nothomb et Bernard Werber, un tout nouveau
Christophe Lambert pour son premier roman et, biensur, le célèbre Henning Mankell pour n’en citer que quelques-uns.
Comme nous pouvions nous y attendre, le numérique était bel et bien au rendez-vous et si nous rencontrons toujours quelques différences d’opinions,
il est certain que ce nouveau mode de lecture à un avenir radieux devant lui.
Les nouveautés profitent d’un accueil enthousiaste des lecteurs, et ces derniers sont, pour beaucoup, prêts à tenter de nouvelles expériences. Même
s’il semble que la notion de service que propose un libraire traditionnelle, en conseillant directement ses clients en magasin, reste essentielle, le téléchargement en ligne commence à se faire
une place dans les esprits.
Ce sont ces libraires qui s’inquiètent pour leur avenir puisque, malgré la possibilité de proposer le téléchargement en magasin via des bornes
numériques, ils craignent, à raison selon moi, de voir une grande partie de leur clientèle adopter la solution e-commerce. Pour l’heure, les ¾ des ventes de livres sont réalisées en librairie et
seulement 8% sur internet… pas d’inquiétude immédiate donc !
D’autre part, le livre numérique offre la possibilité aux éditeurs de vendre directement leurs ouvrages en ligne sur leur propre site internet ou
via un réseau de diffusion solide (du type Amazon par exemple) dont le nombre de prestataires grandit de jour en jour (ceci dit, ce ne sont pas des éditeurs mais de simples diffuseurs). Cette
solution est d’ailleurs de plus en plus exploitée puisque nous pouvons constater que les nouveautés sont disponibles, pour la plupart, au format papier comme au format numérique. Il est important
de noter que l’essentiel des ouvrages que nous pouvons trouver en téléchargement sont des ouvrages qui ont été numérisés et pas des livres conçut au format numérique à l’origine.
Quelques freins restent tout de même bien présents dans les esprits.
Il est évident que le livre « classique » n’est pas prêt de disparaitre, la culture papier restant forte. Les réflexions se tournent donc
naturellement vers la cohabitation entre le numérique et le papier. L’acheteur reste attaché à l’achat d’un bien matériel et la solution avancée par certains acteurs du marché va vers cette
matérialisation : L’achat d’une carte de téléchargement (Ce qui est déjà le cas dans la musique).
Le piratage est aussi au centre des préoccupations. Le slogan « DRM… MDR » trônait sur les badges de certains éditeurs, les plus fidèles à l’objet
de leur passion.
Il en sera une question de prix ! Un ouvrage numérique ne pourra définitivement pas continuer à être vendu au prix d’un livre papier (le prix moyen
de 3.49€ marque son territoire). Mais à ce prix là, une question anime les auteurs : Pourront-ils vivre de leur travail avec l’ère du numérique ?
Jean-Pierre Balpe a un avis positif sur la question. Passé de l’édition classique chez Gallimard à la solution numérique, il y voit des avantages
certains et avance que la dématérialisation des ouvrages offre de nombreuses opportunités.
Pour en revenir au téléchargement illégal, le rapport entre le livre et la musique faisait débat, mais au-delà de ce mode de « vol de fichiers », il
s’orientait vers les plates formes de partages. Un internaute qui souhaite découvrir ou redécouvrir un groupe ou un chanteur trouvera facilement une dizaine de morceaux disponibles entre Deezer
et Youtube par exemple. En revanche, nous verrons plus rarement un lecteur fouiller le web à la recherche de quelques chapitres d’un livre. L’accessibilité n’est tout simplement pas la même. Ce
facteur semble à première vue être un avantage certain pour la lecture, mais, en terme de promotion des ventes, est-il exploitable ?
Le facteur SAV marque aussi la différence. Il est certain qu’un lecteur qui se procure un livre papier n’aura certainement jamais besoin de
retourner chez son libraire parce qu’il n’arrive plus à tourner les pages… contrairement aux Readers qui restent des appareils électroniques qui peuvent rencontrer des pannes ou des
problématiques de format. Il est, pour ce dernier point, essentiel pour le livre numérique d’adopter un format qui soit reconnu par tous les supports (Readers, tablettes &
smartphones…).
En ce qui concerne les applications pour les tablettes, j’ai eu le plaisir de rencontrer Jean-Louis Delmotte, le directeur commercial de Byook, dont
je vous parlais dernièrement. Nous avons, pour mon plus grand bonheur, eu droit à une présentation en ligne de l’application et le résultat est saisissant, au-delà même de la vidéo de
présentation. L’ambiance nous plonge dans un univers tout à fait prenant, fascinant. Nous sommes ici entre le jeu et la lecture. Avis aux amateurs !
J’espère d’ailleurs, comme nous en avons parlé rapidement, que nous aurons l’occasion de collaborer, peut-être d’ici quelques mois… A bon entendeur
!
L’expérience de lecture est donc bien différente selon le support.
Une application offrira, contrairement à un format Epub classique sur Reader aujourd’hui, la possibilité de mettre en avant une charte graphique
forte, personnalisée. C’est d’ailleurs ici que se trouve l’une des problématiques auxquelles les acteurs de ce marché en pleine expansion devront répondre.
Le CNL devrait largement participer à l’évolution de la numérisation en soutenant les projets avec une enveloppe totale de participation financière
de 10 millions d’euros annuelle (depuis 2007). Ils ont depuis 2008 accompagné 137 projets et 8 projets de E-distribution… mais ce n’est pas assez selon eux et ils attendent les
sollicitations/candidatures en proposant de prendre en charge jusqu’à 80% des coûts de numérisation (pas de panique, nous arrivons ).
Internet, comme vous devez vous en douter, offre bien au-delà du téléchargement, de très nombreuses possibilités… notamment pour l’écriture
collaborative ou pour la communication.
Caroline Vermalle, Lauréate
du prix nouveau talent 2009 de la fondation Bouygues Telecom, expliquait avoir tenté l’expérience via un blog qu’elle utilisait pour récolter les avis de ses lecteurs sur son écriture et orienter
son travail en fonction de ces derniers.
Chaque semaine, elle publiait un chapitre de l’histoire que les internautes commentaient/critiquaient. Elle dessinait l’histoire en fonction de
leurs envies et de leurs attentes. C’est au bout de dix semaines d’un travail intense qu’elle fut obligée d’admettre les limites d’une telle solution. Pour reprendre ses mots, elle parlait de «
friture sur la ligne ». Son écriture, dictée par son public, n’était plus naturelle et la qualité de son travail, sa marque et son univers s’en trouvaient perturbés.
Ceci-dit, en parlant avec quelques auteurs, et d’après les interventions des écrivains lors des conférences, les réactions des lecteurs sur la toile
restent une source d’information inestimable.
D’autant plus que les auteurs dénoncent certains éditeurs qui n’assurent pas leur rôle. Dans certains cas ils se contentent de signer un projet en
laissant l’auteur se débrouiller seul, sans leur aide, sans leurs corrections… A ce compte là, autant s’autoéditer ? C’est généralement ce qui se passe lorsqu’un écrivain se voit refuser l’entrée
dans les maisons qu’il a sollicitées. Un auteur croit évidemment en son travail et multiplie les démarches pour arriver à ses fins, en choisissant bien souvent cette solution en dernier
recours.
Nous entrons là dans un autre débat, puisque l’autoédition essuie une image qualitative déplorable, que nous aurons l’occasion d’aborder dans un
prochain article.