Cette semaine la sphère littéraire salue la sortie française du roman libertin Fifty Shades of Grey. Ce genre littéraire étant un grand gagnant du numérique, pour preuve au 3e trimestre 2011, le numérique représentait 15% du chiffre d’affaire mondial du groupe Harlequin, alors que pour des éditeurs aux genres plus “classiques”, la part du numérique ne s’élève qu’à 2% de leur CA, nous nous devions d’en parler.
Fifty Shades of Grey ?
Non, je ne l’ai pas lu, pas encore en tout cas.
Ce qui m’intrigue c’est l’envol des ventes d’ebook concernant des titres que l’on aurait apparemment plus de mal à lire en public sous leurs formes papier,
sous-entendu avec une couverture évocatrice.
En écoutant l’émission de Pascale Clark ce matin sur France Inter avec des
intervenants qui parlaient de la sortie héxagonale des Cinquante nuances de Grey et leur façon de dénoncer, pour la majorité d’entre eux, la légèreté et l’insignifiance de ce livre, ce
qui m’a sauté aux yeux étaient la honte et la gêne qu’ils traduisaient à l’idée de lire ce livre dans des lieux publics, parce que malgré son succès planétaire -40 millions de livres vendus à
travers le monde-, il n’en reste pas moins un “mommy-porn”, une littérature érotique, politiquement incorrecte, en tout cas, en lieux publics. Une peur du jugement. La lecture sur e-book leur
semblait être la seule alternative. Pas vu, pas pris.
Et s’il est vrai que les chiffres donnés par le groupe Harlequin sont indiscutables et traduisent indéniablement un besoin de son lectorat de rester anonyme, cela me
paraît quelque peu déplacé de parler de honte. Il s’agit après tout d’un best-seller et quant à sa couverture, elle est sobre et loin d’être évocatrice.
Je ne me considère pas comme une exhibitionniste, plutôt même pudique quant à l’étalage de ma vie privée, sentimentale et sexuelle. Cependant, aux regards du buzz
que rencontre ce livre, je sais que je serai curieuse de lire l’ouvrage, et ce ouvertement. Le livre fait polémique, et je veux avoir mon avis dessus.
Mais le point que je voulais mettre en lumière avec ce post, c’est mon inquiétude face à l’envol du livre numérique sur ce genre littéraire, et ce genre uniquement.
Je trouve ça dommage si le public ne trouve d’intérêt à l’ebook que pour cacher ces lectures pseudo honteuses. Il y a tellement de genres, de livres, de manuscrits à découvrir qu’il me paraît
extrêmement limité de cantonner l’ebook à la liberté de lire du politiquement incorrect.
Alors oui, d’accord, faites le si vous ressentez le besoin de vous cacher, mais ne passez pas à côté d’autres belles découvertes.
Apprivoisez l’ebook, comme Anastasia sa sexualité, mais venez découvrir tout ce que le numérique a à vous offrir.
sources : lemonde.fr et
idboox.com